Aether asbl

 Les Cercles de magie et d'occultisme:

les prochaines dates pour 2024

 Les prochains cercles se tiendront:

  • lundi 05 Février de 20h00 à 21h30
  • lundi 11 Mars de 20h00 à 21h30
  • lundi 08 Avril de 20h00 à 21h30
  • lundi 13 Mai de 20h00 à 21h30
  • lundi 03 Juin de 20h00 à 21h30

 Nous vous rappelons que les cercles sont gratuits mais il faut s'inscrire car les places sont limitées.   aether.asbl@protonmail.com

Les danses au cœur des traditions spirituelles

 

Auteur: Ludivine, 2009

Article en PDFfichier-pdf-icone-5363-16

Article initialement paru dans le second numéro de la revue La Sève des Mystères : La Danse Sacrée.

 

La danse sacrée est une pratique occulte universelle. On la retrouve au sein de toutes les civilisations et d’un très grand nombre de religions : danses en hommage aux Dieux égyptiens et crétois, danses du Bouddhisme tibétain, danses de Shiva, danses amérindiennes, … Cet article présente diverses façons d’utiliser la danse en occultisme, dans ses aspects mystiques et magiques.


Les danses sacrées sont essentiellement de quatre types :

  1. les danses dévotionnelles, pour rendre hommage à la Nature ou aux divinités.
  2. les danses extatiques, pour s’unir au Divin ou créer un état de transe. 
  3. les danses magiques, pour obtenir un résultat magique concret : déclencher la pluie, attirer la chance, assurer une victoire, obtenir une guérison, etc.
  4. les danses pédagogiques, pour transmettre un enseignement spirituel.


Sur base de mes connaissances et de mes expériences, je vais tenter de décrire les principes fondateurs de ces différentes pratiques de danses sacrées, en les illustrant par des exemples provenant de traditions spirituelles très diverses.

 danse hawaii
 dévotionnelle Danseà Hawaï

Les danses dévotionnelles

Les danses dévotionnelles font partie des rites les plus anciens : rites de célébration au soleil, à la lune, à la terre, au ciel, aux éléments, à la nature, aux divinités, ... La danse est avant tout expression et communication. Ainsi, la danse sacrée est souvent utilisée comme moyen de communiquer notre dévotion et nos prières aux puissances naturelles ou aux divinités.


Dans de nombreuses civilisations ancestrales, des danses sont offertes en hommage aux éléments naturels. Déjà durant la Préhistoire, les peintures rupestres évoquent des danses dédiées à des Esprits animaux. Par exemple, une peinture découverte sur le site de Çatal Höyük en Anatolie, vestige d’une des premières civilisations urbaines connues, représente 23 danseurs répartis en deux groupes de part et d'autre d'un grand cerf immobile.


Par ailleurs, la danse est également fortement utilisée comme acte de prière envers les dieux. En Égypte, on a retrouvé de nombreuses scènes de danses collectives peintes ou sculptées. Le plus souvent, ce sont des danses effectuées en l’honneur d’Hathor, déesse de l’amour et de la danse. Selon les récits légendaires des Grecs, les dieux ont enseigné la danse aux mortels pour que ceux-ci « les honorent et se réjouissent ». Les rituels grecs comprennent souvent des danses collectives dédiées aux dieux. En Inde, la danse Baratha Natya était exclusivement exécutée dans les temples par les « dévadasis » : des danseuses héréditairement attachées aux temples pour rendre hommage aux dieux.

danse indienne
Danse dévotionnelle de l’Inde

 La danse dévotionnelle utilise souvent une gestuelle sacrée codifiée, instrument de passage entre le monde profane et le rituel sacré. La symbolique de ces gestes a toute son importance. En Crète, de nombreuses représentations de danseuses tendent leurs bras horizontalement de part et d’autre du corps avec les avant-bras cassés pour redonner la direction verticale, l’un vers le haut et l’autre vers le bas. Leurs paumes ouvertes sont tendues l’une vers le ciel et l’autre vers la terre. Ainsi, ces danseuses soulignent de manière évidente l’axe qui relie la Terre au Ciel. Elles sont en soi un vibrant hommage à la trame de l’Univers. Signalons que la répétition et la précision sont les deux lois fondatrices de tout rituel. Ainsi, la répétition de mouvements symboliques précis présente l’avantage de relier le danseur au réservoir d’énergie créé par tous les êtres qui ont un jour exécuté la même danse dans une intention semblable. Le danseur est soutenu par l’énergie de ceux qui ont dansé ces pas avant lui. 

Dans les danses collectives synchrones, tous les danseurs, quel que soit leur nombre, effectuent les mêmes mouvements au même instant : ils frappent du pied ensemble, tournent ensemble dans un même sens, etc. Pour que leur danse devienne prière collective, ils doivent également fusionner dans l’intention qu’ils donnent à leurs mouvements. Leur dévotion et leurs pensées doivent être tournées dans la même direction, pour former ensemble un seul et même Être dansant. Quand les corps et les âmes résonnent à l’unisson, la puissance énergétique manifestée s’accroît fortement : la prière devient célébration. La civilisation crétoise ancienne accordait une importance primordiale à la célébration sacrée par la danse. À Cnossos, une peinture révèle treize danseuses, vêtues de longues jupes évasées à volants et de corsages qui laissent les seins à découvert, tournant ensemble devant un public nombreux étagé sur des gradins. Le lieu peint en arrière-fond existe encore et d’autres places semblables, dédiées à des rituels de danses sacrées, ont été trouvées à proximité des sanctuaires de Gournia, Mallia et Phaistos.


La danse est par essence naturelle puisqu’elle fait intervenir notre corps physique. La danse correspond à quelque chose de primordial dans la nature humaine. Elle retisse les liens invisibles entre notre être et les forces universelles. Les danses dévotionnelles sont un moyen pour renforcer notre alliance avec la Nature et avec le Monde invisible. En nous aidant à accroître la conscience de notre corps, les danses dévotionnelles nous révèlent notre appartenance au Vivant, à la Nature, à l’Univers. Elles ouvrent notre conscience à la présence du Sacré en toute chose. Utilisons-les pour développer une nouvelle manière d’appréhender notre rapport au monde, en retrouvant la dimension spirituelle de notre corps, de l'autre, de la nature, de la vie, …

Les danses extatiques

Les danses extatiques répondent à un besoin de ressentir la Conscience Divine à travers tout notre être, dans une démarche personnelle ou collective. Certaines nécessitent une énergie physique importante alors que d’autres sont tellement subtiles que le danseur semble presque immobile. Chacune d’entre elles peut être expérimentée à une infinité de niveaux de conscience. Un des fondements de la danse extatique est l’unification de l’espace et du temps du danseur, pour générer un changement de sa vision sur l’existence et le monde. La danse extatique nécessite de lâcher prise par rapport à nos désirs, nos émotions, nos préjugés, nos souvenirs, pour laisser émerger ce qui Est.

 

danse extatique

Danse extatique

Le danseur doit fusionner avec l’espace

qui l’entoure, l’air qui le frôle,

la musique qui résonne,

l’espace de son propre corps. 

Dans la danse extatique, les caractéristiques techniques et esthétiques des mouvements passent au second plan par rapport à leur qualité intérieure. Quand le danseur arrive à donner tout son être au mouvement, en offrant son corps physique (énergie, forces instinctives, …) mais aussi son cœur (émotions, sentiments, …) et son esprit (pensées, concentration, …), chaque geste devient l’expression unifiée de l’énergie qui fait vibrer le danseur. Ainsi, en entrant en résonance avec le mouvement, le danseur prend davantage conscience de Qui il est. Une fois qu’il est emporté par la vibration de l’Être, le corps se meut spontanément.
Le rythme définit le temps de la danse. Pour qu’une danse soit extatique, elle doit se situer hors du temps qui passe. Il s’agit de fusionner le passé, le présent et le futur pour qu’ils ne forment plus qu’un temps unique, celui de l’être dansant. La seule réalité qui compte est celle de l’instant présent. Il faut que le danseur se donne totalement dans l’instant, se laisse emporter par la danse, maintenant et à jamais, avec toute son âme.


Cette fusion de l’espace et du temps fait perdre au danseur ses repères spatio-temporels. Le danseur entre alors dans l’espace éternel et illimité de la vibration. La conscience de son existence personnelle éclate face à l’expérience des dimensions indicibles de l’Infini et de l’Éternel. C’est une pratique initiatique qui nous révèle les mystères de l’unité primordiale. Les danses extatiques peuvent être classées en deux catégories : les danses-méditations et les danses-transes. Elles ont le même but, celui de faire voyager consciemment le danseur à travers les multiples dimensions du Réel, mais elles utilisent des moyens différents pour le faire pénétrer dans ces états modifiés de conscience.

  • La danse-méditation

Dans la danse-méditation, l’esprit du danseur entre en méditation, le plus souvent sur la musique ou sur son propre corps en mouvement. Aucun mouvement spécifique n’est imposé. Le geste juste émerge de l’âme, spontané et authentique. Il s’agit par la conscience de créer une fusion entre le mouvement extérieur et le vécu intérieur. Quand le corps physique, le corps astral et le corps mental s’unissent dans le même mouvement, la danse devient une expression incarnée de l’Être. La danse-méditation nécessite un abandon total de notre personnalité humaine, de ses instincts, de ses émotions et de ses idées, pour s’ouvrir à l’Autre, mystère absolu de l’Amour. Par le mouvement libéré, nous découvrons alors une nouvelle conscience de Soi. Le corps et la psyché du danseur deviennent un canal pour la puissance transcendante de la Conscience divine. Le danseur est projeté au cœur de l’Absolu, qu’il saisit directement, instantanément et sans intermédiaire. Cette approche de la danse par la Conscience est un outil extrêmement puissant de développement spirituel.


Citons comme exemple de danses-méditations les danses khmères : longs déploiements qui se terminent par des gestes en suspens avant d’enchaîner imperceptiblement vers de nouvelles figures en mouvement. L’extrême lenteur des gestes des danseuses, par moment immobiles, telles des statues animées, favorise leur plongée intérieure dans des états de méditation.

Danse tibtaine
Danse-méditation au Tibet.


Certaines danses-méditations utilisent les forces des archétypes et des symboles. Ces danses nous permettent de nous relier directement à la puissance de ces figures sacrées. Une technique simple consiste à dessiner par la danse des formes symboliques : spirales, étoiles à cinq branches, lettres hébraïques, etc. Dansées collectivement, ces danses symboliques deviennent des Mandalas vivants. Une variante consiste à méditer sur un symbole et à se laisser envahir ensuite par les mouvements spontanés que cette identification génère en notre être, pour donner naissance à l’énergie du symbole par le geste juste. Ces danses symboliques nous aident à intégrer le langage archétypal et signifiant de l’univers, celui que notre corps et notre inconscient n'ont jamais cessé de parler.

 

  • La danse-transe

Le principe de la danse-transe est de pousser notre corps à ses extrémités pour dépasser les limites identitaires du danseur, l’aider à dépasser ses blocages instinctifs, émotionnels et mentaux et lui faire découvrir par surprise d’autres dimensions. La transe est un moyen de transport efficace vers d’autres plans de Conscience. Elle est souvent utilisée pour favoriser les capacités médiumniques du danseur et ainsi lui permettre de communiquer plus facilement avec des Esprits ou des Divinités.

derviche tourneur
Danse d’un derviche tourneur.

Différents éléments facilitent l’entrée en état de transe : les positions du corps à la limite de l’équilibre, des oscillations répétitives de la tête ou du tronc, les tournoiements, les frappements de mains et de pieds effectués de manière vigoureuse et prolongée, … Ainsi, par exemple, les mouvements répétitifs, surtout quand ils comprennent un balancement entre deux pôles (gauche-droite, haut-bas, …), aident le danseur à entrer en résonance avec chacun de ses gestes et facilitent le lâcher-prise et la perte du sentiment d’individualité. De plus, l’alternance des deux pôles suscite une réunification de l’être, souvent écartelé entre ses propres dualités : le dedans et le dehors, soi et l’autre, le masculin et le féminin, etc. La mise en relation de ces polarités en un même mouvement nous permet de toucher à leur essence unifiée. Ce type de mouvement entraîne naturellement le sujet dans une euphorie croissante vers un état de transe.
Pour les Grecs, l’état de transe permet de participer temporairement à la nature des dieux. La danse dionysiaque, la plus ancienne danse connue en Grèce, est une danse de folie mystique, composée de mouvements rapides : tourbillonnements, sauts, bras étendus en opposition, mouvements du torse ou de la tête en arrière, … Les rythmes très marqués et la rapidité, voire l’accélération, des mouvements ont un effet hypnotique qui favorise également l’ouverture à d’autres niveaux de conscience.


Le tournoiement est vraisemblablement une des méthodes de transe les plus directes. Partout dans le monde et à travers toute l’Histoire de l’humanité, le tournoiement a été utilisé comme danse mystique pour chercher à atteindre un état de transe. L'une des plus anciennes représentations de danse que l'on connaisse est située dans la grotte du Mas-d'Azi. Il s’agit d'un danseur qui tournoie sur lui-même. Le danseur de la grotte du Mas-d'Azi laisse supposer que le tournoiement était déjà utilisé à l’époque paléolithique dans ce but de faciliter les états de transes. Signalons aussi une cérémonie égyptienne dédiée à la déesse Hathor pendant laquelle les danseurs tournent sur eux-mêmes pour capter la vision, dans un miroir, de la main d’Hathor, déesse de l’amour et de la danse. Ce sont les « derviches tourneurs », confrérie musulmane soufie fondée au XIIIe siècle par Jalâl al-Dîn Rûmî, qui sont les plus connus pour leurs danses-tournoiements. Cette danse rituelle a longtemps constitué un des éléments-clés du parcours initiatique des soufis. L’élan mystique de Rûmî le poussait à se livrer à la danse n’importe où, en plein bazar par exemple, au son du martèlement des orfèvres. Le but du derviche lorsqu’il effectue cette danse-transe est de fusionner avec le mouvement perpétuel de l’univers et de la vie, pour atteindre son essence : l’Amour, source de toute vie.


Les danses sacrées de certaines traditions asiatiques sont élaborées pour créer surprise et perplexité. Par exemple, elles se dansent en regardant dans une direction opposée à celle du mouvement que doit effectuer la tête, ou bien un bras et une jambe bougent horizontalement pendant que les deux autres explorent la verticalité, ou encore les mouvements sont tranchants dans une partie du corps et ronds dans une autre partie au même instant. Ces mouvements invitent le danseur à entrer dans un mode de fonctionnement unifié et ouvert à tous les possibles. Le but de ce type de danses est le même que celui des balancements entre deux pôles : unifier ce qui est divisé par l’expérience de la communion et faciliter ainsi l’élévation de la conscience.


Les danses-transes effectuées en groupe apportent une densification plus rapide de l’énergie et un support pour rester dans le mouvement jusqu’à l’extase mais en revanche la présence des autres danseurs empêche certains de se lâcher totalement, limitant alors les possibilités d’atteindre une transe totale. En Afrique, la danse du masque kanaga chez les Dogons, tourbillonnante et frénétique, est un bel exemple de ce type de danses-transes collectives.

Danse africaine Danse-transe des Dogons au Mali


Il est toutefois nécessaire de mettre en garde le lecteur sur les effets dévastateurs que peuvent procurer des danses-transes effectuées de manière trop rapide par des êtres qui ne sont pas prêts à vivre ce que la transe va leur révéler sur eux-mêmes et sur le monde… Ainsi, la pratique dansée des derviches tourneurs était interdite aux hommes encore dominés par les passions de leur corps et de leur âme ; elle était réservée à ceux qui étaient parvenu au préalable à un haut niveau de connaissance et de maîtrise d’eux-mêmes par l’ascèse et qui désiraient s’offrir totalement à la volonté de Dieu.

Les danses magiques

Chaque mouvement fait en conscience attire une énergie précise, dans une direction précise et dans un but précis. La qualité et la quantité de l’énergie dépendent de la forme du mouvement, de la vitesse d’exécution du geste et de l’intention qui lui est associée. L’utilisation de mouvements conscients et, en particulier, de danses sacrées est donc un moyen qui peut être utilisé pour accumuler, transformer ou diriger l’énergie d’un rituel magique.


Dans de nombreuses traditions, la danse est utilisée pour attirer un résultat magique concret : changements climatiques, victoires guerrières, guérisons de malades, etc. Citons également la possibilité de charger énergétiquement un objet ou un espace en effectuant une danse sacrée. La puissance magique de la danse naît en partie de ce qu’elle implique une participation forte de l’ensemble de nos corps, y compris notre corps physique et son énergie vitale.


Un bel exemple de danse magique nous est donné par la « danse du serpent » des Hopis, Indiens Pueblos d’Amérique du Nord. Par ce rituel magique, les Hopis apprennent à maîtriser collectivement leur peur immémoriale des serpents au venin mortel et en profitent pour utiliser l’énergie dégagée par cette danse initiatique pour attirer la pluie. En août, les cultures de maïs des Hopis sont souvent menacées par la sécheresse et leur survie dépend fortement des pluies d’orage épisodiques. C’est alors que les Hopis pratiquent la danse du serpent, dont le mouvement ondulant est pour eux relié analogiquement à l’éclair, messager de l’orage, et donc à la pluie dont dépend l’existence même de ces Indiens agriculteurs et sédentaires. En faisant participer des serpents, animaux très dangereux pour cette tribu, à leur cérémonie de danse, les Indiens Hopis apprennent à surmonter leur peur et à transmuter celle-ci en action magique efficace pour attirer la pluie. L’énergie vitale dégagée par l’effort physique de la danse et la puissance émotionnelle et mentale générée par le fait de danser avec des serpents sont canalisées dans un rituel d’appel à la pluie. Après avoir dansé avec les serpents, les Hopis les attrapent et les présentent aux quatre points cardinaux, symboliquement associés aux quatre éléments constitutifs de toute manifestation, pour que la pluie vienne en abondance des quatre coins de l’horizon. Les serpents sont ensuite remerciés et relâchés dans la nature. Ainsi, pour les Hopis, le serpent ne représente plus seulement un danger; il est aussi devenu le remède contre la sécheresse, le plus grand danger pour leur tribu.

Danse hopi Danse du serpent des Hopis

Les danses magiques sont souvent réalisées avec des instruments magiques ou des tenues vestimentaires spécifiques : costumes, couleur du vêtement imposée, maquillages ou peintures corporelles, masques, bâton de danse, tambours, … Les masques et autres costumes rituels peuvent aider à assurer chez le danseur et éventuellement le spectateur un détachement par rapport à sa personnalité humaine et à son vécu quotidien, ce qui favorisera une ouverture de sa conscience et une plus grande maîtrise magique. Par exemple, en s’identifiant à son masque, le danseur peut sortir de ses schémas habituels et s’ouvrir à sa vraie puissance intérieure. Le port du masque est traditionnel dans les cérémonies de danses magiques africaines. Le tambour est un objet sacré que l’on retrouve souvent dans les rituels amérindiens. Les battements des tambours marquent plus que tout instrument le rythme du cœur… le cœur humain du danseur mais aussi le cœur sacré de la Terre-mère. Ainsi, danser au son des tambours permet d’unir le microcosme humain au macrocosme universel, préparation idéale pour toute action magique.

Les danses pédagogiques

Les danses sacrées ont été utilisées dans de nombreuses civilisations, non seulement comme un acte de dévotion, comme un moyen de transformation spirituelle et comme une pratique magique mais aussi comme un outil de transmission des réalités spirituelles, à travers les âges et à l’ensemble de la population.


Les danses pédagogiques sont un des moyens de transmettre un enseignement occulte au-delà de la compréhension du mental humain. Elles sont l’occasion pour les danseurs de diffuser l’expérience intérieure de leur pratique spirituelle à un large public, en bénissant ceux qui assistent à la cérémonie ou en fusionnant leur conscience avec l’espace total de la communauté rassemblée. Le corps du spectateur est baigné, qu’il en soit conscient ou non, dans l’énergie spirituelle des danseurs. Ce type d’enseignement est basé sur la transmission directe d’une expérience spirituelle d’un être à un autre, par le ressenti vibratoire de la réalité d’un état de conscience modifiée. Par ailleurs, les images archétypales, qui sont souvent utilisées pour transmettre visuellement ces enseignements (récits mythologiques, personnages merveilleux, costumes symboliques, …), sont destinées à frapper le subconscient du spectateur, tout en rassurant son mental grâce à l’enseignement théorique véhiculé par ces récits et personnages.

Danse tibtaine2
Danse-enseignement au Tibet


Dans la tradition du Bouddhisme tibétain, les moines viennent danser dans la cour du monastère devant une multitude de fidèles. Ces danses interviennent en conclusion de cérémonies spirituelles profondes. Chaque danse est d’une certaine manière une illustration extérieure des états intérieurs des méditations qui ont été pratiquées auparavant par les danseurs. Ces danses chatoyantes mêlent de nombreux personnages, issus des contes et tantras bouddhistes : déités courroucées, esprits de la nature, yogis, animaux,… Elles illustrent la diversité des états de conscience. Ainsi, les attributs, parfois guerriers, que brandissent les danseurs sont un rappel du combat de l’Éveil contre l’Ignorance et les instincts égoïstes. Ces danses sacrées du Tibet utilisent des costumes faits de brocarts et de masques modelés, symboliques et très perfectionnés. Loin d’être un simple spectacle, la contemplation de ces danses a pour but d’éveiller la vie spirituelle des spectateurs. On parle dans la tradition tibétaine de libération par la vue. Les spectateurs sont immergés dans la conscience spirituelle des danseurs. C’est donc avec respect et enthousiasme que la population vient assister à ces enseignements dansés.


Signalons que les divinités elles-mêmes ne négligent pas les danses sacrées comme moyen d’enseignement. Shiva Nataraj, le « Danseur cosmique », est un dieu hindou, représenté dansant dans un cercle de feu. Il manifeste la danse naturelle de l’Énergie qui crée et qui détruit l’Univers. Son visage irradie la compassion tandis que ses mouvements réveillent l’énergie rythmique primordiale. Toute sa danse reflète sa divinité intérieure. Il enseigne que le Manifesté n’est que le reflet du Non-Manifesté, que tout ce qui arrive dans le temps et dans l’espace a son équivalent dans l’Éternel et dans l’Infini.


Après ce petit tour d’horizon des danses dévotionnelles, extatiques, magiques et pédagogiques et leur illustration par des exemples provenant de diverses traditions spirituelles, j’espère que vous serez tentés d’approfondir l’étude de ce sujet fascinant par une plongée directe, corps et âme, dans l’univers vibrant de la Danse Sacrée. Elle vous attend et vous réserve ses meilleurs enseignements…

 

Si vous avez aimé cet article, vous pourriez aussi vous intéresser à ceux-ci :

La voie de l'extase

La vibration, le mouvement et la danse

Danse et magie

Le pas de yu

La déesse mère en Egypte