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Au seuil des mystères

Essais de sciences maudites

 

Auteur: Stanislas de Guaita (1861-1897)

Le livre PDF: Au seuil des mystères

 

Avant Propos

stanislas de guaitaAux seuls mots d’Hermétisme ou de Kabbale, la mode est de se récrier. Les regards échangés se teintent de bienveillante ironie, et d’aigus sourires accentuent la moue dédaigneuse des profils. En vérité, ces railleries coutumières ne se sont propagées de tout temps chez les meilleurs esprits qu’à la faveur d’un malentendu. La Haute Magie n’est point un compendium de divagations plus ou moins spirites, arbitrairement érigées en dogme absolu ; c’est une synthèse générale — hypothétique, mais rationnelle — doublement fondée sur l’observation positive et l’induction par analogie. À travers l’infinie diversité des modes transitoires et des formes éphémères, la Kabbale distingue et proclame l’Unité de l’Être, remonte à sa cause essentielle, et trouve la loi de ses harmonies dans l’antagonisme relativement équilibré des forces contraires. Sollicitées à l’équilibre, jamais les puissances naturelles ne le réalisent intégral : l’équilibre absolu serait le repos stérile et la mort véritable. Or, en fait, on ne peut nier la Vie, nier le Mouvement. Pré­pondérance alternée de deux forces, en apparence hostiles, et qui, tendant à l’équilibre, ne cessent d’osciller en deçà comme au-delà : telle est la cause efficiente du Mouvement et de la Vie. Action et réaction ! La lutte des contraires a la fécondité d’une sexuelle étreinte ; l’amour est un combat aussi.

La Magie admet trois mondes ou sphères d’activité : le monde divin des causes ; le monde intellectuel des pensées ; le monde sensible des phénomènes. Un dans son essence, triple dans ses manifestations, l’Être est logique et les choses d’en haut sont analogues et proportionnelles aux choses d’en bas : si bien qu’une même cause engendre, dans chacun des trois mondes, des séries d’effets correspondants et rigoureusement déterminables par des calculs analogiques. Voilà donc le point de départ de la Haute Magie — cette algèbre des idées. Tout axiome, marqué de son nombre générique, se figure kabbalistiquement par une lettre de l’alphabet hébreu, conforme à ce nombre : ainsi les concepts se classent à mesure qu’ils s’engendrent ; ils se développent en chaînes interminables, dans l’ordre de leur filiation. Des causes premières aux plus lointains effets, des principes les plus simples et clairs aux innombrables résultats qui en dérivent, quel superbe processus, déployé dans tout le domaine du contingent, et remontant jusqu’à cet Ineffable qu’Herbert Spencer nomme l’incognoscible !

« De omni re scibili et quibusdam aliis… » Sciences connues et sciences occultes, la synthèse hiératique embrasse d’une même étreinte toutes ces branches du savoir universel, ces branches dont la racine est commune. C’est en vertu d’un principe identique que le mollusque secrète la nacre et le cœur humain l’amour ; et la même loi régit la communion des sexes et la gravitation des soleils. Mais ressusciter la Science intégrale est une tâche au-dessus de nos forces : glissant sur les résultats trop indiscutables et les théories trop universellement divulguées, nous devrons borner ces Essais à l’examen de phénomènes mystérieux encore, comme à l’étude de problèmes spéciaux que la science officielle ignore, dédaigne ou défigure. Nous tâcherons surtout, en cette série d’opuscules ésotériques, de rattacher telles troublantes questions, dont s’effarouche le scepticisme moderne, aux grands principes qu’ont invariablement professés les adeptes de tous les âges. Un jour peut-être nous sera-t-il donné de sublimer, en un corps de doctrine cohèsif, cette haute phi losophie des maîtres. Ce qui n’est, aux yeux du lecteur, qu’une hypo thèse — extravagante sans doute — est pour nous un dogme certain : on nous excusera donc de parler avec la ferme assurance de celui qui croit. Nous relevons plus spécialement de l’Initiation hermétique et kabbaliste ; mais dans les sanctuaires de l’Inde, nous le savons, dans les temples delà Perse, de l’Hellade et de l’Étrurie, aussi bien que chez les Égyptiens et les Hébreux, la même synthèse a revêtu diverses formes et les symbolismes en apparence les plus contradictoires traduisent pour l’Élu la Vérité toujours Une, dans la langue, invariable au fond, des Mythes et des Emblèmes.

Depuis le schisme des gnostiques jusqu’au XVIIIe siècle, la vie des adeptes nous apparaît un constant martyre : Vénérables excommuniés, patriarches de l’exil, fiancés de la potence et du fagot, ils ont gardé dans l’épreuve l’héroïque sérénité dont l’Idéal arme et décore ses fervents ; ils ont vécu leur agonie, car le Devoir était, pour eux, de transmettre aux héritiers de leur foi proscrite le trésor de la science sacrée ; ils ont écrit leurs symboles, qu’aujourd’hui nous déchiffrons… L’ère est révolue du fanatisme officiel et des su perstitions populaires, non point celle du juge ment téméraire et de la sottise : si l’on ne brûle plus les Initiés, on les raille et les calomnie. Ils sont résignés à l’outrage,, comme leurs pères — les martyrs.

Peut-être soupçonnera-t-on, quelque jour, que les anciens hiérophantes n’étaient ni des charlatans, ni des imbéciles… — Alors, ô Christ, tes serviteurs se souviendront que des Mages se sont prosternés devant ton berceau royal, et partout répandue, la Charité témoignera hautement que ton règne est advenu : Adveniat regnum tuum !… En attendant que sonne cette heure de la Justice et de la Gnose, nous livrons à la risée bruyante du plus grand nombre, nous soumettons à l’impartial jugement de quelques-uns ces Essais de Sciences maudites.

Stanislas de Guaita